Bonjour, il nous manque un post pour les nouveaux, je ne dis pas volontairement jeunes, car à mon sens, nos nouveaux ne le sont que trop rarement.
M'enfin, voilà un texte que j'avais préparé pour René Ramonda qui forme des enfants au dessus des vignes de l'Aude.
Résumons :
Nous sommes solidement arrimés à une petite planète qui fonce à une vitesse vertigineuse dans un univers inconnu, et peut-être, infini.
Ce lien entre nous et notre planète, la pesanteur, est longtemps resté indéfectible. C’est une contrainte à laquelle on ne peut se soustraire.
C’est la pesanteur qui définit la verticale, et, tout autour l’équilibre, c’est donc elle qui génère la symétrie. C’est la pesanteur qui est reconnue en premier par un bébé, qui cherche au sol l’objet ayant échappé de sa main. C’est elle, la bien nommée, la gravité.
Nos pensées veulent s’affranchir, et nos rêves s’envolent dans le ciel, là, ou nous plaçons nos dieux.
L’âme humaine est soluble dans l’azur.
Depuis 4 ou 5 millions d’années, des hommes étonnés partagent le voyage de notre planète et cherchent à échapper à la gravité. Depuis une grosse centaine d’années, ils y sont parvenus, avec des moyens plus ou moins artificiels et sophistiqués.
Depuis quelques années est né le lancé-main, la discipline la plus naturelle et la plus pure pour voler.
Enfin, un objet lancé par la main de l’homme peut rester suspendu en l’air, bafouant la gravité.
Le jeu consiste à faire quitter à ton planeur la planète par tes propres moyens et à faire en sorte que cette rupture dure le plus longtemps possible.
Les progrès technologiques, l’industrialisation et les nouveaux matériaux, ont permis d’atteindre un degrés de performance inégalée.
Pour commencer quelques conseils de montage.
Tu trouveras sur le net beaucoup de conseils parfois contradictoires.
Voici les sites ou en principe les informations sont fiables
Le site français de référence est
https://f3news.1fr1.net/ Auquel il faut ajouter le site de Bertrand Civade
http://www.f3k-fr.com/index.htmUn site anglo-saxon
http://www.rcgroups.com/hand-launch-96/Un site germanique
http://www.rc-network.de/forum/forumdisplay.php/173-Hand-Launch-GliderEntoure toi d’autres pratiquants, la découverte en solo est à mon sens impossible et les « tounicoteurs » sont généralement de bonne compagnie. C’est une passion rare, souvent jugée infantile, ils sont donc habituellement ravis de partager et de communiquer avec un nouveau frère.
Comme tout modéliste et même si elle n’est pas de ce monde c’est la recherche de la perfection qui doit te guider.
N’hésite donc pas à recommencer un travail qui ne te semble pas parfait, soit patient et persévérant, ce sont de vieilles qualités ici indispensables et qui feront de toi un résistant à la facilité marchande et au consumérisme.
Cette pratique nécessite dans l’ordre ce qui suit:
1 la vénération absolue de la légèreté
2 L’assimilation d’une gestuelle sportive, le lancer.
3 la compréhension de l’air et de l’ascendance.
4 la lecture du planeur
1 la vénération absolue de la légèreté.
C’est une philosophie de conception, la légèreté engendre la sobriété, l’exclusion de l’ornement, la beauté pure de l’ascétisme.
Pour révéler la masse d’air et ces mouvements, surtout en partant du sol, il faut absolument être léger. Nous comptons en grammes voire en dixième de grammes. Un lancé-main actuel pour une envergure d’1,5m pèse entre 200 et, 300 grammes pour les plus lourds. Demain, ou quand tu me liras, ces poids auront été réduits.
C’est donc une préoccupation continue tout au long du montage puis de l’amélioration du planeur. Une goutte de colle sera une petite goutte voir une micro goutte, nécessitant une canule et un buvard. Tous les matériaux sont choisis pour le rapport qu’ils possèdent entre résistance et légèreté. Toute l’électronique aussi.
La légèreté que tu vénèreras, comme toute vénération, peut être déviante.
Pour elle, c’est vers la fragilité. Garde ton bon sens et essaie de reste sage. Apprends à ne gagner que ce qui ne fragilise pas la machine.
2 L’assimilation d’une gestuelle sportive, le lancer.Il faut apprendre la gestuelle du lancer. Ici aussi la patience doit être ton alliée.
C’est un geste complexe, qui nécessite une coordination difficile entre les jambes, les bras et tout le corps. Il faut à la fois armer le bras et le tronc sur un retard de rotation que tes jambes doivent mener de manières rapides et indépendantes.
Il faut du rythme et du tempo. Laisse à ton cerveau le temps d’assimilation nécessaire.
Commence lentement avec un bout de bois ou une pierre ou ce que tu veux de poids équivalent, qui te serviras de leurre.
Commence sans chercher la vitesse ou la hauteur, mais juste la bonne coordination. Le geste juste, sans que tu aies besoin de réflexion, justement le geste réflexe. Les blessures guettent et elles sont nombreuses.
Dans cet apprentissage et contrairement au ski, il ne faut pas fléchir la jambe d’appel, il faut donc donner le rythme et l’impulsion sans exagérer les appuis, il faut rester léger.
On estime entre 2 et 5000 lancers, selon l’individu et son age, la répétitivité nécessaire pour que le circuit neuronal qui coordonne cette gestuelle soit correctement implémenté. Patience et persévérance.
C’est seulement quand le geste est devenu un réflexe, que l’on peut alors revenir sur sa décomposition, et, tenter d’améliorer chaque phase. L’usage d’une caméra et alors un précieux atout.
3 la compréhension de l’air et de l’ascendance.Voilà, le reste ne sert qu’à acquérir ce savoir, qui évidemment n’est pas une science mais au croisement de plusieurs sciences, n’est pas reproductible mais se répète, reste et restera un mystère.
Axiomes
L’air qui se réchauffe au contact de la planète se dilate.
L’air est un isolant.
Dès que le soleil rayonne, il se forme donc des multitudes de bulles à la surface de la terre qui à un endroit particulier et à un moment donné se détachent. L’analogie avec les boissons gazeuses permet de se faire un début de représentation mentale.
Ces bulles d’air plus dilatées que l’air environnant sont donc plus légères et se mettent en mouvement ascendant. Des phénomènes complexes d’entraînement et de comblement amplifient ou inhibent ces départs. Quand ils sont amplifiés, il arrive que les bulles se regroupent et parfois s’assemblent pour former alors un tapis montant sur lequel ton planeur, tel Aladin, peut se maintenir et être entraîné.
C’est presque aussi fantastique que les milles et une nuit, aussi beau que ce que Shéhérazade était belle, aussi magique qu’un conte perse.
Pragmatiquement
Il faut du soleil,
Mais pas toujours, il existe des ascendances les jours de brume.Un sol rugueux, comme des blés coupés pour que les bulles est le temps de bien se former,
Mais pas toujours, un route sombre est un bon déclencheur aussi.Un contraste de couleur, pour que des zones s’échauffent plus que d’autres
Mais pas toujours il y a des déclanchements au-dessus des grands champs céréaliers.Un obstacle et un peu de vent pour créer le déclanchement
Mais pas toujours il y a des déclanchements au-dessus des grands champs céréaliers.
Tu as compris qu’il va falloir là encore beaucoup de temps, d’observation, accumuler les expériences pour te fabriquer tes intuitions.
4 la lecture du planeurTon planeur est le révélateur de ces mouvements de l’air, il te faut apprendre à les lire.
Pour reprendre une jolie analogie de Lionel Fournier il se comporte comme le bouchon du pécheur à la ligne.
Pour se faire il te faut un planeur parfaitement réglé, c’est-à-dire qui vole droit au taux de chute minimum.
Pourquoi lève t il une aile et ce met-il à tourner?
Parce que l’aile levée est poussée par de l’air qui monte et te rejette en dehors de l’ascendance. Il faut immédiatement contrer, c’est-à-dire l’obliger à virer en sens inverse, pour retourner dans l’ascendance.
Pourquoi ce met-il à cabrer d’un coup ?
Parce que devant lui de l’air monte et si tu le laisses cabrer, il va ralentir et décrocher, il faut donc anticiper, pousser pour qu’il pénètre dans la bulle et seulement après le laisser monter.
Tu vois que ta capacité à analyser les réactions de ton planeur sont déterminantes pour pouvoir profiter des ascendances.
En concours, avec les lancés-main modernes il y a presque toujours, à chaque manche, un pilote qui trouve l’ascendance.
Ce mystère n’est pas rare, il est seulement réservé aux initiés qui patients et persévérants, ont acquis les savoirs nécessaires.
Si ce petit résumé t’en as donné l’envie, le peuple de l’air a un nouveau frère et mon objectif est atteint.
Gérard