Bonjour à tous,
Ce Jeudi 22 septembre 2011, les conditions sont superbes sur le Cap Blanc-nez. C’est ma seconde série de vols avec le tout nouveau Wasabi avec les réglages de Pierre Rondel. Une machine saine et fabuleuse dès le premier vol.
Mon planeur provoque une réaction inhabituelle chez pratiquement tous les goélands. Est-ce sa couleur blanche et noire avec ces fameuses inscriptions japonaises, sa dimension proche de celle d'un goéland adulte, le type de vol tendu.... ?
Le fait est, il ne laisse pas indifférent nos amis ailés !
Un Goéland l'a tout particulièrement adopté, c'est le cas de le dire. Voici le récit de ce qui s'est passé.
Je volais gentiment, savourant l'instant magique que je vivais au soleil, abrité du vent dans notre poste de pilotage imaginé par...les allemands lors de la dernière guerre. Le soleil, le vent parfait, la machine idéale, tout allait pour le mieux.
Les amis ailés croisés jusqu'à présent découvraient ce nouveau volatile, c'est en effet la première fois qu'ils voient cette machine. De façon inhabituelle, elle attirait curiosité et parfois animosité. Dans tous les cas, elle ne laissait pas indifférent.
Lorsque Jonathan, le célèbre goéland, est arrivé, je ne l'ai pas remarqué tout de suite, car ils avaient tous envie de me suivre. Celui-là était différent. Il s'est collé dans mon sillage et ne l'a plus lâché pendant tout le vol du planeur !!! plus de vingt minutes de vol de patrouille !
Jonathan, le goéland, était gros et gris. Sans doute un adulte de grand âge me suis-je dit. Il semblait fatigué car mon sillage lui paraissait vraisemblablement comme la meilleure place pour naviguer de droite et de gauche sur notre magnifique pente généreusement alimentée par la dynamique de bord de mer. Les virages face au vent étaient pour lui l'occasion de bien rester collé à quelque dizaines de centimètres derrière l'empennage. Je volais avec le premier cran de volet, celui où la finesse de la machine est la meilleure. Jonathan était littéralement rivé au Wasabi.
Les touristes de passage se sont approchés, vraiment intrigués. Je l'étais tout autant.
J'ai poursuivi le vol en me disant, puisqu'il me suit, voyons nos domaines de vol respectifs.
A finesse max, aucun soucis pour le goéland, il semble heureux dans le sillage...
J'ai progressivement ralenti le vol, ayant du snap-flap programmé, le vol très lent est vraiment sain et bien stable. Une chance me disais-je pour laisser la possibilité à Jonathan de me montrer jusqu'où il peut aller. Progressivement, le wasabi a pris quelques centimètres au-dessus du goéland. Il n'eut plus alors comme possibilité pour suivre le sillage que de battre des ailes !!! j'ai insisté environ une minute, mais la situation était manifestement fatiguante pour mon nouvel ami...
Conclusion, il doit battre des ailes pour me suivre à basse vitesse.
Un bon point pour le Wasabi !
Pour ne pas trop fatiguer mon nouvel ami de patrouille, j’ai repris le vol à la finesse max. Il semblait heureux que la situation redevienne normale, sans doute n'avait-il pas bien compris pourquoi il avait fallu ralentir : mais quelle pompe suivais-je là devait-il se dire ? Dans tous les cas, il est resté sagement derrière pendant tout l'exercice.
Pour tester un peu Jonathan, j'ai fait quelques virages bien engagés, toujours à la finesse max et à altitude constante, comme le font les goélands, il n'avait toujours pas envie de me quitter. A un moment, je me suis dit, voyons un virage vent arrière...surprise ! il me quitte et me reprend dès que je reviens face au vent. Je reproduis plusieurs fois l'expérience, rien n'y fait, il a horreur des virages vent arrière. Pourquoi ? sans doute avais-je affaire à un vieux briscard fatigué qui n'avait pas envie de prendre quelques g dans ses pauvres ailes malmenées par les tempêtes.
Je me suis alors demandé ce qu'il penserait de la voltige, peut-être arriverais-je à l'apprivoiser et lui apprendre tout ce que nous, créatures terrestres à l'esprit dans les nuages aimons particulièrement faire lorsque nous nous projetons dans les airs.
Il n'est pas peu dire que le tonneau est pour lui quelque chose d'effrayant !
La mise sur le dos du planeur provoque chez mon ami un mouvement de panique immédiat se traduisant par un battement d'aile et un éloignement instantané; mais quelques secondes après, il est revenu dans le sillage du wasabi qui vole maintenant...sur le dos.
Même pas peur !
Jonathan n'a vraiment pas le sens de l'observation, même pas capable de voir les plumes noires de mon intrados rutilant. Conclusion, la rotation l'effraie quelle que soit la position de départ. En revanche, voler sur le dos ou sur le ventre, il ne fait pas la différence du moment que le sillage est confortable, merci les profils symétriques de Thierry Platon.....
Après une dizaines de retournement de crêpe, Jonathan est toujours dans le sillage du wasabi.
Mais quel plaisir y trouve-t-il ?
Sans doute souhaiterait-il découvrir tout ce que ce nouveau copain est prêt à faire pour lui plaire....
Un looping, diable !!!
Jonathan reste sagement à l'altitude initiale et attend patiemment la fin de la figure pour reprendre le sillage. Mister Wasabi a ainsi enchainé plusieurs loopings, sur le ventre, sur le dos...toujours la même réaction… de curiosité et aucun mouvement de frayeur, juste une interrogation, mais quelle mouche le pique ? sans doute aurait-il vu un autre copain ? va savoir...
Dernière danse ensemble avant de se quitter, la spirale dans la pompe.
Jonathan qui n'aime pas les virages vent arrière a compris que son intérêt était bien de suivre son ami Wasabi dans la pompe, car là il a spiralé. Evidemment le gain d'altitude était important....bien vu l'ami devait-il se dire !
J'ai finalement essayé le vol rapide en accélérant très progressivement. Tant que j'avais la courbure sortie, le Goéland suit facilement les mouvements...justifiés à ses yeux, mais les piqués de la mort ne l'intéressent évidemment pas. Il revient toujours dans le sillage dès que le gamin se calme.
En revanche, dès que j'ai rentré la courbure et un peu affolé le badin...l'ami est parti en longeant la falaise.
Trop c'est trop a-t-il dû se dire, ce gamin devrait vraiment retourner à l'école des goélands !
Bon vols à toi, l'ami Jonathan le Goéland, nous avons passé un joli moment ensemble !
Félicitation aux concepteurs du Wasabi, voilà enfin un planeur qui s'intègre parfaitement dans son environnement n'est-ce pas !
Philippe