Super concours malgré l’extrême chaleur.
Un petit compte rendu pour ceux que ça intéressent, ça changera un peu du contenu hautement publicitaire du forum ces derniers temps…
:
Le concours se déroule à Escalona del Prado, petit village de la province de Castilla y León, sur un immense champ d’herbe (sèche) de 2000 x 600m, entouré d’autres champs similaires (herbe ou céréales). Pour la petite histoire, c’était un terrain d’aviation de l’armée de Franco pendant la guerre civile.
Une petite route bordée d’une voie piétonne longe la grand longueur, avec une haie de petits arbres tout du long. Le campement/parking se faisait sous ces arbres.
La taille du terrain permet à l’organisation de disposer 2 couloirs de 17 cibles à 90°. Une régie centrale sous des tentes gérait le concours et se chargeait de ravitailler les pilotes (sandwichs, sodas et eau, beaucoup d’eau !)
C’est un terrain mis à disposition par la municipalité mais qui n’a pas de club associé.
Les organisateurs sont un groupe de 4-5 pilotes de la région, bien rodés à l’exercice. Ils font appel à une petite armée d’adolescents des alentours pour le chronométrage. Rien à redire sur leurs compétences, chapeau !
La prévision météo prévoyait une vague exceptionnelle de chaleur
. Elle ne s’est pas trompé et on a beaucoup souffert, les 3 jours à plus de 38°C, soit plus de 10°C que la température moyenne des 10 dernières années à cette date !
Sur les 56 pilotes inscrits, 49 étaient présents. C’est le concours le plus prisé d’Espagne donc la majorité des participants étaient espagnols. Mais quelques étrangers avaient fait le déplacement. Une délégation portugaise de 4-5 pilotes, un anglais, deux autrichiens et un français, Jacques
.
L’organisation a décidé de nous faire voler en 3 groupes de 17 pilotes.
Le concours était géré avec Gliderlink, avec saisie des vols instantanée via les smartphones des juges, et suivi en temps réels des résultats pour les concurrents, également via téléphone.
Je suis arrivé sur le terrain le vendredi en milieu de matinée. Jacques et Josette venaient juste d’arriver.
En plus de découvrir le terrain, j’ai surtout fait les premiers vols de mon deuxième planeur (un Infinity d’occase arrivé juste à temps avant le concours
). Malgré la chaleur écrasante, j’ai beaucoup volé (8 batteries vidées
).
L’activité thermique était très forte. Des cigognes et de beaux rapaces nous accompagnaient régulièrement. En fin d’après-midi le gros des pilotes était arrivé.
SAMEDI:
Lors du Briefing samedi matin, l’organisation a proposé un changement du programme initial étant données les conditions d’extrême chaleur : faire une pause de 2h de 14:30 à 16:30 au lieu des 7 manches d’affilée. Cette proposition a été votée à main levée et logiquement adoptée de manière unanime.
Peu après 11h, le concours débutait.
Avec Jacques nous avions bien planifié un coaching mutuel. Nous ne coïncidions que lors de 2 manches sur 10, la 3ème et la 6ème .
Avant la pause, nous avons passé 3 manches.
J’attaque avec le Kappa dans des conditions que j’aime bien, un vent constant établi et des petites pompes étroites. Un petit souci de la locution automatique oblige à avorter et revoler le premier vol. C’est dommage j’avais coupé très bas (48m) et je faisais le plein. Bref, on la rejoue et avec une coupure à 94m alors que le reste monte beaucoup, le plein, ça fait 1000. Le deuxième vol est similaire, coupé un poil plus haut et le plein. La cible a 5m me fait perdre une vingtaine de points…
Pour Jacques c’est à peu près la même chose et ça fait 1000 + 957 alors que les cibles sont ratées.
Pour le 3ème vol, le vent a bien forci et il est devenu très difficile de lire l’air, avec des grosses dégueulantes.
Je n’ai pas Jacques avec moi pour m’apporter le « plus » de sérénité et je m’enflamme. Je pars avec un truc et je décale sous le vent. Je la perds, la retrouve plus au fond, la reperds puis raccroche un truc à 20m, 500m sous le vent…Je remonte à 100m mais la dégueulante entre le planeur et moi est si forte qu’il sera impossible de rentrer. Je pose hors du terrain qui fait plus de 500m dans ce sens-là !
En rentrant de chercher le planeur, j’apprends que Jacques ne fait que 8 :42 et toujours pas la cible mais limite la casse.
La pause arrive et il fait vraiment très chaud. Le vent sec de 25-30km/h par 38°C donne l’impression d’avoir un sèche-cheveux dans la figure en permanence.
J’ai grillé mon joker et ne suis pas serein dans ces conditions piégeuses. On casse la croute vite fait et je profite du temps libre pour faire un comparatif entre le Kappa et l’Infinity, tous deux full ballast, afin de jauger les capacités de retour car ça va être le facteur clé des prochains vols avec ce vent bien établi. Je retouche également un peu les réglages de l’Infinity et décide de poursuivre le concours avec.
Avec un coaching parfait de Jacques
, des cibles à moins d’1m et des coupures autour de 110m, je fais 2 x 1000 à la reprise
. Ca redonne un coup de confiance.
Pour Jacques le 4ème vol est un drame
. On part un peu moins haut que les autres, dans la dégueulante. Le coté choisi pour décaler n’est pas le bon et on fait un grand cercle sous le vent dans rien trouver ni même réussir à rentrer. Il pose à 200m sous le vent avec un gros sentiment d’impuissance.
Son 5ème vol est bon et grâce à la première cible mesurée de la journée (2m), ça fait le 1000.
Pour le 6ème vol, nous volons à nouveau dans la même manche. Jacques coaché par Josette s’en sort bien avec une coupure à 118m le plein et une cible parfaite : 992pts.
Moi je prends la mauvaise option, manque de références pour changer rapidement de zone et pose autour des 5min. Mais gros coup de bol
, le chrono du juge a foiré et indique 1 :57! Voyant l’incohérence et dans l’impossibilité de me donner un temps fiable, j'obtiens un revol !
Un groupe est tiré assez rapidement (la petite pause va bien pour se calmer) et je bénéficie ce coup-là du coaching de Jacques.
Il est assez tard (autour de 19h) et conditions sont devenues bizarres. Le vent vient d’une petite colline et si au-dessus de 150m ça semble tenir sur une espèce d’onde, en dessous ca chute irrémédiablement. Il faut monter haut et surfer.
Malheureusement ma motorisation est un peu juste pour l’Infinity plein ballast et je peine à avancer/monter. Je ne coupe qu’à 114m et survis à peine 5:27 et surtout loupe ma cible.
Il ne reste que l’autrichien avec son El Niño en vol qui pose à 5:52 après avoir coupé à 177m…mais il fait 1m à la cible. Je perds 140pts, ca aurait pu etre pire.
Pour le 7ème vol dans la foulée, même scénario. Mon planeur ne passe pas les 105m et le vol n’est pas bien long. 400pts dans la figure (le 1000 est pour un gars qui a coupé au-delà de 200m et a fait le cerf-volant au vent)
Et Jacques m’imite pour son vol, posé à 4 :51, hors cible…378pts.
Il est très tard, on finit la manche 7 à 20h40
!!!!! La fatigue, le manque de lucidité et notre incapacité à lire quoique ce soit dans les conditions de ces 2 dernières manches nous ont porté préjudice.
Après coup, j’ai été complètement stupide de continuer avec l’Infinity mal motorisé alors que le Kappa qui monte comme une flèche était prêt…sur le moment et avec l’enchainement des manches ça ne m’est même pas venu à l’esprit !
Malgré cela, et vu que les autres pilotes ont également énormément souffert, donc on est pas mal au général. Je suis 3ème et Jacques 6ème. On n’a grillé nos jokers mais on a confiance pour le Dimanche car il est prévu de commencer les vols plus tôt (9 h00), avec moins de vent (et plus de chaleur !!!).
DIMANCHE:
La fraicheur du dimanche matin ne dure que peu. Pas un nuage, le soleil tape très fort dès la première heure
. Par contre pas de vent. On change de couloir par rapport à la veille mais il n’y a pas vraiment de direction de vent établie.
Ce sont clairement mes conditions préférées.
J’attaque dans le groupe 1 de la manche 8. Les conditions ne sont pas encore trop marquées, je prends l'Infinity. Coupure au-delà de 180m, cerf-volant, le plein et la cible
955pts
Jacques vole un peu plus tard. Coupe un peu plus bas et assure bien.
Pour mes manches 9 et 10, les pompes sont de plus en plus fortes et les dégueulantes aussi. Il faut bouger vite mais quand ça part ça monte bien! Je prends sans (trop) hésiter le Kappa que j’adore dans cet air.
On sait qu’on ne doit pas prendre de risques. Je suis serein. Pour moi c’est même limite frustrant car je vois bien où il faut aller pour couper très bas d’entrée. Je reste sage (l’influence de Jacques est primordiale) et fait ces 2 derniers vols en coupant autour de 100m. Le plein aux 2.
Pour la manche 9 de Jacques on fait une erreur. 2 gars partent à fond sous le vent où un petit rapace vient de décoller. Je propose cette option à Jacques qui coupe à 92m mais il met un peu de temps à y aller. C’est loin et il n’arrivera jamais à la bonne zone
. Il n’arrivera même pas à la cible après 4:10 de galère. Les 2 gars qui avaient coupé autour de 80m mais 100m de plus sous le vent se satellisent et font le plein…
Je m’en veux
de l’avoir pousser à un vol risqué alors que je savais parfaitement qu’il n’aime pas voler très loin, et que c’était stupide de prendre des risques à ce moment du concours.
On se rattrape avec un bon dernier vol en manche 10 qui malgré une cible encore foireuse donne de gros points.
On fait la photo de groupe puis les résultats sont publiés rapidement (avec quelques petites erreurs rapidement corrigées) et validés.
Je fini 2ème et Jacques est toujours à la 6ème place. 14 pilotes passent au fly-off ; c’est bon !
On essaie de souffler un peu, grignoter un truc et nous nous préparons pour le fly-off. Josette coachera Jacques et je peine un peu à trouver un aide en qui confier (forcément, les bons pilotes que je connais sont tous au fly-off !).
C’est au bout du terrain que je retrouverai l’ami de Galice José Manuel Quintas, avec qui j’avais joué en F3B.
Une photo des 14 en lice, c’est parti pour plus d'1h non-stop en plein cagnard.
Les conditions sont similaires à la journée de vendredi, avec des pompes, partout, mais des trous aussi.
Je n’ai rien vu de ce qu’a fait Jacques. Il racontera lui-même ses vols…
Pour ma part, pour le premier vol j’ai confiance et je coupe le plus bas des 14, à 72m. La pompe est bien où je l’ai imaginée et je satellise pour les 15min et 2m à la cible. J’ai le 1000.
La lecture de l’air avant le deuxième vol est un peu moins claire pour moi. Je prends un peu d’assurance et coupe un poil au-delà de 100m. Mais je suis dans un truc et me fait aspirer pendant les 10 premières secondes : 123m retenus. Enorme satélisation d’entrée de jeu (694m d’altitude maxi) le Kappa était en limite de visibilité. J’ai passé 9min à gérer ma descente !
Lors de mon approche, 2 concurrents sont dans mon couloir. Mon voisin lui opine que je suis dans le sien ; ca gueule un peu. Pas évident de juger à 40m mais ma juge confirmera que j’étais réglo. Les planeurs se frottent. Lui décroche, moi pas. 14:57 et la cible à moins d’un mètre. Ca fait 973points car Medina qui prend le 1000 avait coupé à 50m…
Le troisième vol débute un peu comme le second, avec plus de vent. 117m (trop haut par rapport à ce que je voulais faire). Mais ça ne monte pas terrible, je suis sur le bord et je la perd et suis en galère. Là, super coaching de José Manuel qui m’indique immédiatement et clairement la meilleure option à ma portée. Je raccroche à 40m pour monter à plus de 600m…
C’est à l’attero que je perds le podium
: voulant éviter la déconvenue du vol précédent, je modifie un peu mon approche « systématique ». Manque de pot, une grosse pompe déclenche derrière nous dans les 15 dernières secondes et le vent s’inverse sur notre cible. Je ne m’en rends pas compte et je suis surpris au moment de sortir les freins, le planeur ne freine pas. Je touche à 1 ou 2 mètres avant la cible mais le planeur glisse. J’évite de justesse de le prendre dans les pieds mais il arrête sa course à 6m04…
Bilan du Fly off, 4ème à 6pts du podium.
Jacques fait 6ème (sa place tout le WE !
)
Donc sur le plan purement sportif, c’est la déception qui prime (oui, j’ai jeté mon chapeau et froissé la feuille de résultats). Surtout que sur l’ensemble du WE, de mon point de vue pas du tout objectif, je « méritais » mieux.
Je n’ai à regretter que ce petit manque de lucidité sur le dernier atterro ; le reste était valide.
Sur le plan humain, j’ai vraiment passé un excellent weekend.
Tout d’abord car le terrain de jeu était fantastique. Malgré la chaleur parfois insoutenable, j’ai accumulé les vols avec grand plaisir.
Ensuite l’organisation était au top. Bien sûr il y a eu quelques couacs, comme l’affichage qui est mort dès samedi d’une surchauffe, mais ils ont toujours su réagir rapidement.
C’était très dur pour eux aussi avec le chaleur extrême. Pour vous donner une idée, ils ont distribué en 2 jours plus de 700 bouteilles d’eau fraiche
!
Les juges et la direction du concours ont été bons, et tout s’est déroulé dans la bonne humeur. Ils ont d’ailleurs été chaleureusement remerciés à la cérémonie de clôture.
Je tiens finalement à remercier du fond du coeur Jacques et Josette pour l’ensemble du weekend passé à leur coté.
Le coaching de Jacques était idéal, et m’a apporté la juste dose de calme qui me manque parfois. Pour preuve, les 2 seuls vols du concours général que j’ai foiré « stratégiquement » sont ceux où il n’était pas à mes côtés.
Je me suis également régalé à coacher ses vols et regrette juste mon erreur au vol 9, heureusement sans conséquences.
Et un très grand merci à
Josette
qui a assuré à tous les niveaux ! Sérieusement, elle sait tout faire : photos, ravitaillement en eau, intendance, gestion de l’ombre, restauration, coaching, communication malgré un téléphone récalcitrant, et même prendre soin des oisillons tombés du nid
! 20/20 Josette !!!!!
Bref, à refaire absolument l’an prochain, si possible un peu moins chaud et pourquoi pas avec une délégation française.
PS : le roman ci dessus sera illustré quand j’aurai récupéré quelques photos…